Il y a quelques jours sur la plage d’Heda, le couple japonais avec qui nous avons discuté nous a demandé pourquoi nous avions eu l’idée, l’envie de venir au Japon.
J’ai répondu que depuis tout petit j’avais été baigné dans un environnement où en fait le Japon est très présent, bien que très éloigné : nos dessins animés des années 80, nos appareils photo, nos télés et magnétoscopes, mon walkman et mon discman, nos chaînes hi-fi, nos voitures radio commandées, nos voitures, nos dérailleurs de vélo, tout ça « Made in Japan ». Ensuite nous avons eu les sushis, les mangas et les Miyasaki, les techniques d’organisation du travail kaizen et autres 6-sigma. Et je n’oublie bien sûr pas Yoko Tsuno 😉
Mais j’ai aussi grandi en ayant appris que la seconde guerre mondiale côté Pacifique avait démarré avec l’attaque de Pearl Harbor et ne s’était terminée qu’après les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, qui ont ouvert l’ère du nucléaire – j’ai d’ailleurs moi-même été embarqué dans un sous-marin nucléaire…
Je pense que ma curiosité pour le Japon, au delà de notre intérêt pour voyager dans un pays magnifique et avec une culture très différente de celle de l’Europe occidentale, tient aussi du désir d’essayer de comprendre comment ce pays avait pu être aussi innovant après avoir été si longtemps isolé et isolationniste.
Au delà de ces deux facteurs, l’importance historique du site de la tragédie d’Hiroshima, nous a fait ajouter ce crochet par le sud-ouest du pays – pour à la fois, d’une certaine manière, rendre hommage aux victimes civiles de l’arme nucléaire, mais aussi, de se rendre compte en personne de ce qu’il s’est passé ici. Anne-Laure et moi avions beaucoup discuté avant de prendre cette décision, mais au final je pense que c’était un bon choix.
Nous avons donc visité ce matin le Parc de la Paix, aménagé sur le quartier populaire qui avait été directement visé. Nous avons trouvé admirable l’état d’esprit de ce lieu, dédié à la fois au recueillement en souvenir des victimes, à la promotion de la paix et à la prévention de nouveaux conflits nucléaires.
Le cénotaphe placé dans la perspective du dôme est particulièrement émouvant. Plus de 140.000 noms sont inscrits dans le registre placé en son centre.
Plusieurs des salles du musée sont insoutenables (j’y suis passé rapidement seul, Anne-Laure et les enfants ont fait un détour), documentant les souffrances endurées par les civils victimes de la bombe. À la réflexion, je pense que le travail de documentation et de conservation de ces éléments factuels des effets de la bombe atomique est extrêmement important, donnant son sens au message placé devant le cénotaphe renfermant les noms des victimes : « Reposez en paix, car nous ne laisserons pas se reproduire la tragédie ».
Je dois dire que pendant très longtemps, mon image mentale d’Hiroshima était celle d’un no man’s land abandonné et radioactif, avec quelques ruines, et non d’une grande ville de plus de 1,1 million d’habitants. Dans le musée, j’ai été particulièrement touché d’apprendre qu’un drapeau avait été planté dès le lendemain du bombardement par un habitant sur les ruines de sa maison en signe de début de la reconstruction. Cette résilience me semble incroyable. Un soutien financier international, notamment fourni par des japonais ayant émigré aux États Unis avant la guerre, a permis une reconstruction rapide d’Hiroshima, et son développement économique.
Ce monument est dédié aux enfants qui ont été victimes de la bombe. Les grues en origami sont autant d’appels à la paix dans le monde, envoyés par des enfants du monde entier – les guirlandes en sont faites. Nos enfants ont ajouté les leur.
Nous avons aussi fait sonner la cloche de la paix :
Que la paix soit avec vous !
Très émouvant !
Bravo frérot pour ton article très émouvant. Pourvu qu’un tel drame ne se reproduise jamais et puissent les va-t-en guerre du monde entier entendre ton message. Bisous.
Merci frérot !
Bisous